Dans le cadre de la réalisation de son futur projet de lieu de vie pour le territoire du Saint-Emilionnais, le Collectif Trois Tiers s’est rendu, lundi 2 décembre 2019 à Saint-Sauvant (Vienne), pour rencontrer Amélie Boucly-Closse, directrice de l’association Solidarité Insertion Environnement (SEI), porteuse d’une initiative complète en milieu rural.

L’objectif de cette rencontre : échanger autour de la création de projets d’économie sociale et solidaire à vocation de redynamisation des bourgs ruraux, débattre autour des obstacles rencontrés et surtout, des manières de les surmonter !
La naissance du projet
L’association SEI est née de la volonté des habitants d’agir pour le développement (économique, social, environnemental, etc.) de leur village et l’insertion sociale et professionnelle des personnes en difficultés. En effet, Saint-Sauvant compte près de 1 300 habitants et se situe à 45 minutes de la ville centre de l’agglomération poitevine. Sa taille modeste, son contexte rural et son éloignement des centres de service et d’emploi lui confère une situation particulière. C’est donc naturellement que l’association s’est dirigée vers la création d’emplois et le maintien/renforcement du dynamisme local.
« Soutenir l’insertion sociale par l’activité économique tout en apportant de nouveaux services à la population, c’est notre objectif »exprime Amélie Boucly-Closse, directrice de SEI.
L’association a vu le jour 2011. Son action s’est alors structurée autour d’une première activité d’insertion : Les métiers du bâtiment, puis rapidement de l’entretien des espaces naturels. Dans un second temps, une seconde activité d’insertion autour de l’hôtellerie restauration a vu le jour.
Le gîte
Le premier chantier de l’association réalisé par ses salariés en insertion-formation a été la réhabilitation, entre 2012 et 2016, d’une vieille bâtisse en ruines du village de Saint-Sauvant. L’objectif : Créer un gîte moderne de 40 places en mettant en valeur les qualités du bâtiment et surtout en misant sur la création d’un lieu praticable et accessible aux personnes handicapées. C’est donc ainsi qu’en 2016, le gîte de l’Aigail ouvre ses portes. Si la commune de Saint-Sauvant ne possède pourtant pas un très fort capital touristique, la grande capacité du gite, ses aménités (salles de conférences, accessibilité, cuisine etc…) et ses tarifs accessibles lui permettent de fonctionner presque toute l’année grâce à un tourisme familial ou « de groupe » (Séminaires, classes vertes, groupe d’adultes etc…).

Le restaurant
En 2013, sur cette lancée, l’association rénove également un bâtiment communal pour créer le restaurant Ô Poirion !. Que ce soit l’accueil et la conciergerie pour le gîte ou la cuisine et le service pour le restaurant, tout est réalisé par des salariés en parcours d’insertion. De cette manière, les chantiers réalisés par les salariés en insertion dans le domaine du bâtiment permettent, à terme, de lancer une activité d’insertion sur l’hôtellerie restauration.

Un lieu au service du territoire
L’association s’est également donné pour mission de redynamiser le territoire en conduisant le maximum d’actions au niveau local et en favorisant l’accès à la culture et le partage. Des activités de proximité sont ainsi organisées : ateliers de préparation au code la route (l’auto-école la plus proche se situe à 12 km), location de deux roues ou d’une voiture, lieu ressource internet et aide administrative, aide au départ en vacances, évènements divers…
Bien que la construction du projet n’ait pas été toujours facile, l’association a su faire de ses multiples objectifs une force de frappe qui lui permet de faire tourner son modèle économique et d’envisager des projets complémentaires dans l’avenir.
L’équipe est pour autant consciente que la stabilité d’un modèle tel que celui-ci repose sur de nombreuses données, parfois intangibles et difficiles à maitriser. Amélie Boucly-Closse souligne de ce fait l’importance du soutien politique local, notamment pour assurer la pérennité du projet sur le long terme, mais aussi ici concernant sa sortie de terre. En effet, si le gite de l’Aigail à pu voir le jour, c’est en partie car la collectivité a choisi de faire appel au chantier d’insertion pour assurer les travaux.
Ce soutien local a été payant, à la fois pour la vie du bourg mais aussi pour SEI. Aujourd’hui, la structure est le premier employeur de la commune. En 2019, 65 personnes ont bénéficié de l’aide au départ en vacances et 6 personnes de l’accompagnement à la mobilité. 24 personnes sont salariées sur les 2 chantiers d’insertion, des groupes d’enfants (scolaires ou non) ont bénéficié de cycles d’animations autour de la protection de l’environnement et 5200 repas ont été consommés au restaurant. Enfin, l’association est actuellement en train de travailler sur la question du logement social d’urgence, la formalisation d’un centre socio-culturel en lien avec une autre association locale et la création d’une conciergerie rurale pour apporter du micro service aux habitants.
Un beau projet à dimension globale qui contribue à animer la commune de Saint-Sauvant et à faire vivre bon nombre de ses habitants tout en fournissant lieux de rencontre et évènements locaux, propices à créer du lien.