Depuis ce début d’année nous co-organisons avec UTOPOS (l’association étudiante de l’Institut d’Urbanisme de Bordeaux) un cycle de conférences conviviales autour de la ruralité, les CONVIVIAL’IDEES DE LA RURALITE.
Pour cette quatrième édition des Convivial’idées, c’est le Collectif l’Echappatoire, une troupe de théâtre d’improvisation, qui est venue fouler le plancher du café culturel Le pourquoi pas? .
Vous l’aurez compris, il s’agissait d’une soirée d’improvisation théâtrale. Oui mais pas que ! La soirée était placée sous le thème de la ruralité. Alors quoi de mieux que des histoires de papis de villages pour inspirer nos acteurs.
Lison et Lucie du collectif Trois-Tiers ont donc compté l’histoire de Kako et Jeannot, deux papis du village de Saint-Christophe- des Bardes, recueillie lors d’une résidence d’hiver du collectif. Puis les acteurs se sont alors prêtés au jeu de l’improvisation. Vous voici un résumé imagé !!

La salle est plongée dans le noir et l’histoire commence !
TEXTE: Les discussions débutent et d’après Jean-Pierre ils n’ont jamais eu accès à ce four !
En effet, Jean-Pierre et Jean se souviennent alors ne pas pouvoir aller dans ce jardin privé, où était le four.
« C’était le jardin privé de l’Abbé Sentenat ! On n’avait pas envie de s’y aventurer, crois-moi ! », dit Jean avec un sourire d’enfant.
On apprend que Jean-Pierre et Jeannot, c’est comme ça qu’on appelait Jean, étaient musiciens et qu’ils se produisaient dans les villages des alentours…
« Même à St Emilion ! » s’exclame Jean-Pierre, comme pour montrer que St Emilion était bien différent des autres villages, dans ces années-là.
« On y allait en U23…sacré véhicule ! » Des éclats de rire replongent les deux compères dans ces folles années où ils étaient jeunes et plein d’ambition.
« Alors ce four… » s’essai Patrick Goineau, le Maire.
On découvre alors qu’il y avait un boulanger qui était de Dordogne « Les pieds bien plantés, un homme dynamique et qui a beaucoup fait pour le village ! » dit Jean-Pierre Chagneau.
IMPROVISATION : le boulanger d’ailleurs
Pour cette première improvisation les acteurs nous ont présenté le boulanger d’ailleurs. Et quand le boulanger d’ailleurs ouvre à 8h alors que tout le monde est déjà embauché, qu’il fait des tartes aux prunes et qu’il prend le travail des habitants en plus, rien ne va plus dans le village.
TEXTE: On se rend donc à l’évidence, le four à pain était méconnu des habitants à cette époque-là.
Même Sylvie, qui enfant, allait jouer quelques années plus tard dans le jardin de l’Abbé avec d’autres enfants, n’a jamais vu ce four, ni le pigeonnier d’ailleurs, seulement le potager !
Il y a un rapport direct probable entre les moulins et ces fours à pain des propriétés viticoles, dont celui-ci.
On se rend compte que le four est probablement dans ce village, depuis bien longtemps avant !
Quand ils y pensent…personne ne leur a parlé de l’existence de ce four à pain…ni leurs parents, ni leurs grands-parents.
Après discussions, ce four devait être le four de l’ancien bourg près de l’église.
Jean-Pierre et Jeannot nous dévoilent les secrets du village… on apprend ainsi qu’il y avait des Bardes qui étaient des Troubadours, et qui se réunissaient dans le bourg …d’où le nom « St Christophe des Bardes ».
IMPROVISATION Réunion des bardes / catégorie doublage américain

TEXTE: Il y avait aussi « un lieu de Religieuses »… « Oui, tu sais dans cette grande et haute maison qui a été racheté par Mr Coiffard ! ». Cette maison fut aussi une petite école de filles, quelques années plus tard.
Des noms d’habitants du village fusent, se mélangent ainsi et nous allons de découvertes en découvertes…
Jean-Pierre se souvient soudain qu’avant les années 1980, il n’y avait pas de machines à vendanger et les personnes venaient à sa propriété pour vendanger, ils étaient nourris et logés même.
« Ils ne gagnaient pas grand-chose mais ils venaient quand même, on passait de bons moments. Il y avait certaines personnes du village, mais aussi bien d’autres venants d’ailleurs ! » s’exclame-t-il.
Quelle époque ! Les gens travaillaient dur, mais toujours avec le sourire visiblement, malgré le dur labeur et les caprices du temps.
Jeannot nous raconte que ses parents vendangeaient vers le 08 ou le 15 Septembre, ils décalaient même la date de rentrée de leurs enfants pour cela. Quand les charrettes passaient dans la rue Guadet, se remémore Jeannot, remplies de foin, cela faisait comme une parade et les vieilles sortaient devant leurs portes et leur parlaient en patois. Même les accordéons étaient alors de sortie, pour fêter les vendanges !
IMPROVISATION Foin, vendange, accordéon
Ici les improvisateurs nous ont livré l’histoire d’un jeune couple qui décide de venir faire les vendanges au village pour se faire un peu d’argent et ensuite partir en vacances au Portugal. Très bien accueillis par un accordéoniste un peu pompette la saison semblait bien commencer mais au moment de se faire payer le jeune couple semble être finalement tombé dans une embuscade et les vacances au Portugal mises en péril.
TEXTE: Les deux amis de 84 et 94 ans, le sourire aux lèvres, se souviennent de leur jeunesse, tous les deux ravis de se revoir en ce 15 Décembre 2018 pour parler, pour raconter la belle époque du village de St Christophe des Bardes. Nous apprenons que Jean-Pierre est la 5ème génération de sa famille à habiter dans le village.“ Comme bien d’autres!” dit-il à une personne qui était épaté de cela. Jean-Pierre se met à nous raconter une histoire en patois…
IMPROVISATION Elle me raconte son histoire en patois
Durant cette improvisation c’est un papi parlant en patois et un traducteur que nous avons vu nous raconter une histoire. Le papi nous raconte alors une vieille histoire de son enfance en patois. Il nous décrit une vieille dame Madame Durand qui à l’époque faisait du pain. D’apparence gentille elle ne l’était pas tant que ça. Elle ne voulait pas que ce papi, à l’époque alors encore tout jeune enfant, passe dans son jardin. Un peu effronté il nous raconte qu’ il a redoublait d’effort mais que tout cela s’est soldé par une simple gifle de la mère Durand lui expliquant de ne pas repasser dans son jardin.

TEXTE: Jean-Pierre nous parle maintenant des Demoiselles de Rochefort, qui venaient à la messe, comme tous les habitants à l’époque, à l’Eglise St Jean à Libourne.
Les Demoiselles de Rochefort étaient les filles des propriétaires du Château LAROQUE, à St Christophe des Bardes.
IMPROVISATION Les héritières du château Laroque / accompagnement musical
Pour conquérir le cœur de l’une des demoiselles de Rochefort alors promise à un jeune homme du village, son concurrent nous a montré qu’il pouvait tout mettre en oeuvre pour la récupérer. Finalement la demoiselle s’est retrouvé spectatrice d’un vrai combat de coq avec un choix à faire à la clé. Dénouement tragique assuré pour le preux chevalier à qui elle était promise.


TEXTE: Sylvie, enfant du village aussi, mais bien plus jeune, pose des questions à Jean-Pierre sur sa famille à elle…Jeannot et Jean-Pierre semblent être des livres pour nous tous, pour Sylvie, qui s’interroge sur des choses précises concernant sa maison, la maison de ses parents…Des liens se font, les personnes autour de la table sont comme hypnotisées par leurs récits.
Jean-Pierre est pensif… « C’est quand même inquiétant de ne pas avoir su l’existence de ce four à pain ! ».
On continue les discussions, Jeannot nous informe qu’en 1947, ce fut Mr LAGARDE DE MONTUSSAN, l’un des premiers constructeurs qui nous amena à avoir nos premiers tracteurs, « Et d’ailleurs, c’est là que tout a changé… », dit-il avec regret.
IMPROVISATION La première machine / un seul mot par réplique
Autant dire que l’arrivée du tout premier tracteur dans la commune a fait du bruit. Et puis ça a fait des jaloux aussi… Mais quand le bolide est tombé en panne, et que personne n’a su le réparer ça en a fait jaser des pipelettes…
TEXTE: Patrick s’intéresse de savoir combien il y avait de commerçants, dans le village. Alors de façon officielle, nous apprenons qu’il y avait un bar, cinq épiceries dont deux à l’endroit de la mairie actuelle, un coiffeur et un boucher fixe, plus deux ambulants.
IMPROVISATION Le boucher ambulant / catégorie croisée
La patience … Compliqué de faire la queue quand on est pressé. Voici le tableau que nous ont dépeint les acteurs. Entre un boucher qui arnaque les mamies, les mamies qui prennent leur temps, la maman pressée qui doit aller chercher sa grande fille à la piscine, le moyen au karaté et le dernier au judo le boucher il ne sait plus où donner de la tête et dans la file d’attente ça s’impatiente.
TEXTE: Jeannot et Jean se mettent à rire sur le mot « bar officiel » car à l’époque « Toutes les maisons faisaient bar, même que certaines, organisaient des bals, comme chez la Ginette ! » nous disent-ils !
Un regard complice les unit, mais nous n’en saurons pas plus sur ces lieux non officiels dont nous avons tous compris, le sens.
IMPROVISATION choix entre bar officiel ou chez Ginette / catégorie espion
Le public a vite fait son choix, c’est chez la Ginette que les acteurs devaient nous amener. Et pour cette fois ci Ginette elle accueillait son vieil ami qui avait une peine de cœur. Pour le réconforter elle a trouvé rien de de mieux que de lui offrir un verre, et puis comme ce n’était pas suffisant elle lui a proposé de partir en vacances avec lui. Les voilà alors partis pour prendre le bus à Saint-Emillion, faire le tour du pays à la recherche des meilleurs vins pour son bar. Ils se remémorent alors des souvenirs, comme à la crémaillère du bar de Ginette, où ils se sont liés par le sang, lui, lui promettant d’être son client le plus fidèle.
TEXTE: Jeannot se met à nous parler de lui et de sa mère…D’après les dires des uns et des autres dans la pièce, nous comprenons que Mme Olivet, la maman de Jeannot était une femme peu ordinaire, « Un pilier de paix ! » dit avec émotion Jean-Pierre Chagneau.
Mme Olivet fut la 1ere femme au Conseil Municipal, avec Mme Gorri.
Leila, s’interroge du « Pourquoi » cet engagement politique de la mère de Jeannot ? La réponse que nous obtenons est finalement simple et encore d’actualité… « C’était les mêmes femmes que nous retrouvions à la mairie, à l’école, dans les camps de vacances des enfants ! » nous explique Jean-Pierre.
IMPROVISATION La première femme / catégorie un seul mot par réplique
Difficile de convaincre quand on a le droit de prononcer qu’un seul mot à la fois. Encore plus difficile de convaincre à l’époque lorsque l’on était une femme. Pourtant mot par mot et à l’aide d’une de ses amis, une des femmes du village nous montre comment elle a réussi à convaincre l’ensemble des habitants de l’élire au sein du conseil municipal à l’exception près d’un homme bien trop misogyne.
TEXTE: Finalement, pas de rébellion affirmée à ce sujet, du moins, pas connue. Jeannot se penche vers son ami Jean-Pierre « Et alors, dis-moi, pourquoi t’appelle-t- on tous ici, Kako ? »
« Je n’en sais donc rien ! Un sobriquet inventé par ma mère ! Même l’instituteur m’appelait ainsi ! ».
Nous sommes tous ici, ensemble réunis autour de la table, il ne manque plus qu’un feu de cheminée pour nous réchauffer les joues, puisque nos cœurs le sont déjà.
Nous sommes douze dans cette pièce et on a l’impression d’être presque intimes…un souffle d’antan nous balaie les cœurs.
Voici les douches publiques qui apparaissent…elles sont arrivées à peine la guerre finie.
St Christophe des Bardes a eu les douches publiques avant St Emilion, même ! Les St Emilionnais venaient se doucher à St Christophe ! Voilà que « St Emilion » revient …
IMPROVISATION La guerre des douches / catégorie dégressive
L’arrivée des douches dans le village semble avoir émoustillé nos acteurs. Stratégie de voyeurisme mis en place et moyen de se faire embrasser en prime. Nos deux acteurs masculins n’ont pas trouvé d’autre moyen que de se tromper de porte pour aller à la douche et simuler un évanouissement en suivant pour arriver à leurs fins, le baiser de la belle blonde.


TEXTE: Le sujet des Résistants pendant la guerre arrive, mais ils ont bien fait leur mission visiblement, car personne de connu comme résistant à St Christophe des Bardes !…Mise à part deux ou trois personnes qui se sont déclarées résistantes en 1944 !
« Un maquisard connu non loin, était notamment l’institutrice du Bouscat, Mme Gojard, née aux Artigues de Lussac ! » se rappelle Jean-Pierre.
IMPROVISATION Maquisard déclaré en 1944 / sans limite d’espace
Alors que deux maquisards tentent de fuir des mains des collabos, toute une stratégie se met en place. Mais quiproquo après quiproquo les improvisateurs finissent par en perdre les pédales, maquisards et collabos se mélangent et finalement les femmes se retrouvent otages de leur propre mari.


TEXTE: Le nom d’une famille de St Christophe est donné, dénoncée pendant cette période et qui a terminé dans les camps de concentration…
Eux-mêmes se souviennent transporter dans leurs guidons, des messages cachés…
Jean-Pierre arrête de parler de cette période avec les résistants, qui est trop douloureuse encore aujourd’hui, pour lui.
Revenons sur ce four à pain… Jeannot et Jean-Pierre aimeraient le découvrir, alors un rendez-vous est de nouveau pris pour les ré-inviter autour de ce sujet !
Pour terminer sur ce four à pain, Jean-Pierre nous informe que selon ses connaissances et des documents que nous avons trouvés, ce four doit dater de juste avant la révolution ! Juste avant 1800.
On retrouve dans les documents que les abbayes et les couvents disposaient de fours à pain pour faire du pain pour les pauvres, les malades et les voyageurs de l’époque.
Ce rendez-vous a permis d’avancer sur cette recherche du four à pain et de belles histoires furent racontées !
Jean-Pierre termine en disant « On est la charnière entre le moyen-âge et Facebook, pour vous ! ».
IMPROVISATION On est la charnière entre le Moyen-Âge et Facebook
Ici les acteurs nous ont dépeint en parallèle deux portraits. Celui d’une reine et son peintre personnel ainsi que celui de deux jeunes adolescents contemporains accompagnés de leurs smartphones. Finalement à travers ce jeu de comparaison les acteurs n’ont fait que mettre en évidence que rien n’a changé, la charnière n’en n’est pas une. Nous sommes dans cycle qui se perpétuent où seuls les outils à disposition de la condition humaine évoluent.
IMPROVISATION bonus : Qui sont Kako et Jeannot ?
Pour cette dernière improvisation de la soirée, nous avons retrouvé Kako et Jeannot chez la psychologue. On y a alors découvert la sombre vérité sur la relation extra-conjugal de Jeannot et la femme de Kako. Mais finalement tout s’est bien fini et Kako et sa femme sont repartis ensemble plus amoureux que jamais. N’avez vous jamais, vous aussi, entendu dire votre grand-mère » faute avouée, faute à demi pardonnée ! » ?






Le Collectif vous remercie d’être venus encore une fois aussi nombreux, partager des éclats de rire, et briser les idées reçues sur la campagne !