C’est bien le mercredi 06 mars que le collectif Trois Tiers convia toute personne curieuse de voire le film “Ici et maintenant, la Gironde s’invente” au Tchai Bar, suivi d’un débat avec un des réalisateurs, Olivier Desagnat, co-fondateur de l’association d’Asques et d’Ailleurs. Il s’agit donc d’un road movie de 56 minutes mettant à l’honneur des initiatives innovantes et positives dans toute la Gironde.
Le film “Ici et Maintenant, la Gironde s’invente”
L’objectif de ce ciné débat fut d’explorer de nouvelles voies possibles afin de mieux inclure tous les habitants et de construire un futur plus respectueux des êtres humains, du vivant et de l’environnement. Riche d’une très grande diversité de territoires : métropolitains, agricoles, ruraux, littoraux, forestiers, le film nous présente quelques acteurs locaux porteurs de projets pour les transitions sociales et écologiques.
Les sujets sont tout aussi variés que les porteurs de projet : capacité alimentaire, culture, viticulture, vivre-ensemble, partage de savoirs, zéro déchet et économie circulaire. Ce film trace le portrait d’une Gironde alternative, en transition qui fourmille d’acteurs, d’idées et d’énergies positives.
A travers ce film on y rencontre des femmes et des hommes initiateurs de projets singuliers qui entrent en résonance sur tout le territoire. Et ils engagent la transition d’un quotidien tranquillement résilient, une transformation en douceur de la société pour un futur désirable.
Il s’en ait suivi un débat, afin de se questionner sur ces initiatives et le passage à l’action.

Un débat plein de sensibilité
La première question posée demande s’il y a des différences entre les initiatives en ville et en campagne?
Olivier Desagnat nous répond qu’il n’y a pas de différence. C’est l’environnement naturel autour qui est différent. Les acteurs ruraux ont l’impression d’être unique et dans leur coin car il y a de la distance à la campagne, mais c’est en train de changer. Pendant longtemps on organisait des trucs et on désespérait qu’il n’y ait que 25 personnes puis on s’est rendu compte que c’était normal (par rapport au nombre d’habitants dans les communes rurales).
“Ce qui est différent c’est la structure politique. A Bordeaux, en effet on ne peut pas aller frapper à la porte du maire alors que chez moi je peux le faire.”
Et ça c’est bien un atout pour la ruralité. Le terrain politique est accessible. Le millefeuille territorial est très mal expliqué et pourtant c’est pas si mal agencé. Les espaces de dialogue et de concertation existent, la ruralité est un bon entraînement à la démocratie et à la citoyenneté. La ville, quant à elle, est guidée par des flux, on a l’impression de jamais être dans le bon timing. A la campagne on crée son propre timing. C’est un très bon terrain d’apprentissage à la citoyenneté et pour prendre pied dans le terrain où l’on vit.
D’autres interventions dans le public révèlent leur sentiment qu’il y a vraiment la ville d’un côté et la campagne de l’autre, entre il y a un no man’s land, un clivage. D’autres affirment que la campagne porte une contribution importante à la vie de la ville. On est vraiment en complémentarité et on n’échappe pas à cette complémentarité.
Mais à part le travail qu’est ce que la ville peut apporter de plus à la campagne ?
Pas grand-chose, c’est un peu déséquilibré. Aujourd’hui l’enjeu c’est de recréer ce dont on a besoin, proche de là où on en a besoin, et de se passer de ce dont on a pas besoin. L’avenir n’est peut-être plus dans le centre commercial, l’envie de faire autrement commence à émerger. Ce sont des choses qui cheminent….
Toujours dans cette opposition campagne et ville, certaines personnes du public évoquent le fait de ne pas trouver de système vertueux qui leur permettent de vivre à la campagne tout en travaillant à la ville. Est-ce qu’on part vivre à la campagne, en péri-urbain, est ce qu’on reste dans la ville et on adopte un nouveau mode de vie?
Olivier pense qu’on est obligé de rien, il y a plein d’alternatives en ville aussi. Il y a quand même cette accès à la nourriture saine qui est un peu difficile mais ça se fait. La réalité elle est pas si simple mais il faut faire un choix de vie, se poser la question où est ce que l’on se sent bien. Concernant l’accès à l’alimentation de qualité, Olivier a l’impression que c’est plus simple en ville. Sur 150 initiatives girondines, il y a 90 projets autour de la nourriture. Il s’agit donc d’un département privilégié à ce sujet et qui révèle des iniquités territoriales.
Le deuxième temps du débat s’oriente sur le fait d’être vertueux, chose qui ne serait pas dépendant du lieu où l’on vit (campagne ou ville) mais plus un choix personnel et du temps que l’on prend. Olivier ajoute que chacun est libre de son temps. Quelque chose qui l’intéresse en ce moment c’est la permaculture. Il considère cet engagement hyper captivant, car ça pose la question de ce qu’on redonne à l’environnement et pas seulement ce qu’on lui prend. Lorsqu’il a commencé à réfléchir comme cela, il s’est vite rendu compte que notre mode de consommation est aberrant.
Cependant il faut garder en tête que nous évoluons tous les jours dans notre mode de vie, et qu’il faut savoir rester humble par rapport à ce cheminement personnel. La question va dans le sens inverse, comment arrivons nous à convaincre les personnes autour de nous?
Il faut de la douceur plus que de la férocité, il faut un engagement féroce et imperturbable et en même temps il faut avancer avec beaucoup de douceur.
Par exemple, l’association d’Asques et d’Ailleurs, pour la campagne municipale de leur village, veut intégrer les agriculteurs. En allant vers eux on se rend compte qu’il y a des efforts de partout. On doit modérer notre discours. Une bonne partie des gens sont conscients des choses dans lequel il sont plongés, donc il ne faut pas briser cet élan, il ne faut pas les fâcher. Il s’avère que “faire du ensemble” c’est beaucoup plus difficile que de faire du clivage.
Pour finir avec ce débat, le public s’intéressait à savoir si cette société vertueuse de demain est compatible avec la société de loisir dans laquelle on vit ?