Le 22 janvier, le collectif est monté dans le train direction La Réole où nous avons rencontré la Petite Populaire, une association culturelle qui a ouvert un café associatif dans la ville de La Réole. Nous avons parlé de la ville puis de l’histoire de l’association et du lieu, des valeurs de l’association, de ses projets actuels et futurs et des constats qu’elle tire après deux ans d’existence. Voici un aperçu de nos échanges. En espérant que cela vous donnera aussi envie d’aller à leur rencontre et pourquoi pas de vous lancer.
Quand les habitants rencontrent La Réole encore endormie
La Réole occupe les deux rives de la Garonne. Véritable balcon sur le fleuve, elle offre à ses visiteurs un patrimoine d’une exceptionnelle richesse s’étirant de l’Antiquité à nos jours. La ville se fortifie sur un promontoire, sur les rives de la Garonne. Essentiellement rurale, La Réole est située aux confins de la Gironde, à la limite du Lot-et-Garonne.
Depuis une dizaine d’années, la commune a pour principale volonté de redynamiser son centre-bourg à travers plusieurs aspects :
- Une revitalisation de l’habitat et du tissu commercial afin de retrouver une urbanité et une mixité sociale dans cette commune de plus de 4300 habitants et ce par l’intermédiaire du projet de La Réole 2020.
- Un projet qui s’appuie sur le patrimoine local pour développer les activités économiques et touristiques, réhabiliter le bâti et valoriser les espaces publics structurant le village en concertation avec les habitants.
- Une autre force de La Réole est son label ville d’art et d’histoire obtenu en 2014 suite à une forte volonté politique de valorisation et de médiation de la qualité patrimoniale et du cadre de vie.
Un élan de redynamisation qui se trouve renforcé par la volonté des habitants à s’investir dans le village afin de le rendre plus vivant et convivial. Complémentaires aux projets entrepris par la municipalité et partageant les mêmes valeurs, La Petite Populaire souhaite toutefois garder son indépendance et ne pas s’inscrire directement dans le projet la Réole 2020.

Origine du projet
A l’origine du projet nous retrouvons de jeunes parents d’élèves et réolais qui se côtoient devant l’école et au marché, premiers lieux de vie social du bourg. Mais il est vite né en eux une volonté de se réunir et de se voir ailleurs, dans un cadre différent, plus chaleureux. Car après tout, ils comptent bien rester ici avec leurs enfants scolarisés tout en habitant un cadre exceptionnel.
David, à l’initiative de la Petite Populaire, nous raconte que l’association La Petite Populaire a pris forme naturellement. Au départ du projet les bénévoles investissaient les lieux ouverts en ville et organisaient des apéros dans la rue juste en s’appuyant sur un événement Facebook pour communiquer. Mais ce qu’ils voulaient c’était un projet qui se veut culturel avant tout, initiant la rencontre habitante.
L’engouement a été tel qu’il leur a semblé nécessaire d’avoir un endroit pour symboliser ce projet montant. Cela n’a pas été simple pour l’association, mais après 6 mois de recherche et de concertation, ils ont réussi à trouver un local et décident de s’installer rue Armand Caduc à La Réole. En alliant leurs compétences, ils ont su créer un lieu de rencontre idéal, aménagé en café associatif culturel. Finalement, c’est un joli lieu qui est né avec une mixité sociale intergénérationnelle importante… même si pour les membres de l’association de la Petite Populaire, il reste encore des gens à raccrocher au projet.


La Petite Populaire
Au départ l’association touchait une catégorie socioculturelle assez uniforme, mais comme La Réole reste une petite commune les personnes se rencontrent rapidement et le bouche à oreille va bon train. Aujourd’hui, tout le monde est touché par l’animation que propose la Petite Populaire. Les barrières se cassent très vite. Les gens se croisent et participent à leur façon pour faire vivre ces lieux. Aujourd’hui ils sont 19 actifs, 700 adhérents et 1 salarié.
La petit populaire mène alors deux projets en parallèle, le café associatif et le projet culturel, mais pour David les deux se nourrissent, le café étant le support des évènements. Sur le centre-ville il y a un vrai impact de proximité avec les passants. Ce café permet de construire les choses différemment, pas seul dans son coin mais ensemble, avec un planning qui se dessine beaucoup au jour le jour. L’association décrit son projet comme un projet expérimental et un lieu hybride mais assez militant, qui permet de mettre en lien des associations du territoire. Pour David, cette expérience permet de se rendre vite compte qu’il y a tout à portée de main, au niveau local.
Le local a vraiment une histoire. Ancien locaux de design, il a été rénové avec la coopération d’artisans locaux qui se sont fédérés autour du projet. C’est devenu implicitement un espace de détente, d’échange, de co-working. Il y a de tout. Il y a vraiment une mixité. Un travail coopératif existe aussi avec le Centre de Formation Agricole de la Gironde située à la Réole, comme quoi tout peut s’imbriquer et pour avoir des activités diverses et variées il faut parfois savoir décloisonner.
L’association est aujourd’hui dans un cercle vertueux, un pari gagnant qui se projette encore plus loin, sans imaginer une seule seconde un retour en arrière. La ville soutient cette initiative et essaie de l’aider comme elle peut, notamment avec la mise en relation avec d’autres acteurs. Cette initiative est un très bon exemple d’un modèle de l’économie sociale et solidaire, un retour vers de l’associatif mais à caractère économique qui fonctionne sur ces territoires ruraux.
Cependant, il émerge parfois une confrontation entre boutique classique et le café. En effet, les commerces locaux ne voient pas toujours ça d’un très bon œil. La municipalité explique donc qu’il s’agit d’un nouveau mode de faire qui est complémentaire à leur activité. C’est ainsi que la Petite Populaire est à la rencontre entre Café associatif proposant une programmation culturelle & ateliers, un espace de travail et offre diverses ressources associatives.


Une expérience humaine enrichissante
Au final, ils ont su construire collectivement, chacun avec ses niveaux de compétences, dans un enthousiasme commun. L’idée était de revenir à des choses simples mais aussi de se dire que ce n’est pas parce que l’on est à La Réole que l’on a pas le droit à bénéficier d’activités culturelles et de loisirs comme l’on en trouve en ville. Deux choix s’offraient à eux. Soit, ils subissaient la campagne en y dormant mais en allant profiter des activités métropolitaines, soit ils vivaient réellement la campagne en y créant une dynamique culturelle riche et de qualité. Ils ont préféré s’investir dans leur territoire.
Cela ne semble pas étonnant puisque lorsque l’on a demandé à David de définir l’association en un mot il nous a parlé de “bienveillance”. Il est important pour l’association de faire attention aux autres de manière à ce que chacun s’y retrouve et que personne ne se sente exclu. David nous a également expliqué que pour lui, La Réole est multiple, elle a un patrimoine, une histoire mais que sa plus grande richesse c’est sa population et c’est ce qui les a aussi motivés à créer ce projet.
Enfin lorsque l’on a demandé à David quelles sont les sources d’inspiration pour le projet il nous a répondu qu’à la Petite Populaire “c’est bien toutes les perturbations extérieures qui améliorent le projet, les expériences et les complémentarités de chacun sont des sources d’inspiration. La Petite Populaire c’est un mix de plein de choses.”Il s’agit de laisser grandir les choses sans précipitations, ni contraintes. L’une des valeurs de l’association c’est l’exigence. On fait quelque chose que lorsque l’on est sûr.
On a beaucoup aimé rencontré la Petite Populaire, encore une initiative riche et enrichissante. On est reparti avec un grand sourire, remplis d’espoir et d’enthousiasme. Bon, petite confidence, en courant aussi pour ne pas rater notre train.

Merci la Petite Populaire pour cette journée !