Queskonfabrik, la fabrique culturelle à Étauliers (33)

Au cours de notre résidence « Entreprendre la ruralité », menée du 14 au 20 mai 2022 à Saint-Ciers-sur-Gironde, nous avons échangé avec le collectif Queskonfabrik, qui est une fédération d’associations à vocation artistique et culturelle. Cette dernière est établie sur une commune voisine de Gironde d’environ 1500 habitants, Étauliers, appartenant à la communauté de communes de l’Estuaire.

Nous avons notamment pu nous entretenir avec David de Souza, membre actif du collectif, et également membre de l’association « Nous Autres », qui travaille autour de la collecte de mémoire auprès d’anciens travailleurs et habitants des îles de l’estuaire de la Gironde, et qui est l’une des associations faisant partie du collectif.

Une relation de confiance avec les collectivités

Au sein de la commune d’Étauliers, Queskonfabrik a un partenariat très fort avec les élus, puisque le maire a porté le projet d’un espace culturel au cœur du village afin d’inviter le collectif dans un lieu suffisamment grand pour y accueillir des projets et du public. La commune voit maintenant ainsi opérer ce projet et prend conscience de tout son intérêt, mais ce dernier doit encore démontrer ses capacités de développement. La communauté de communes voit également le collectif d’un bon œil, par l’énergie insufflée sur le territoire et la qualité des projets mis en place, tels qu’une rock school à Étauliers et la participation au festival « les Festiv’Idées » du Collectif 3/3 par exemple. À une échelle encore un peu plus large, la confiance s’est aussi installée avec le département et l’IDDAC (Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel), qui suivent David de Souza depuis un certain nombre d’années sur les projets qu’il porte : la fabrique culturelle est un acteur crédible et important pour eux.

Une histoire de rencontres heureuses

L’Histoire de Queskonfabrik a débuté avec la rencontre de l’association « Permis de jouer », qui est une association musicale de plus de 20 ans, existant toujours aujourd’hui, et qui a été reprise suite à l’abandon de l’ancienne équipe. Entre autres et au fil du temps, la nouvelle équipe de l’association « Permis de jouer » a pérennisé le festival annuel « Rock and Vine » et organisé des événements appelés « instants nomades », où elle proposait des rencontres artistiques dans des lieux atypiques. Cette équipe était ainsi déjà animée par la musique, la peinture, la danse… et par l’envie d’aller au-devant d’un public de non-avertis, afin de le surprendre et de l’ouvrir sur la force poétique et inattendue de chacun.

Toutefois, l’association a dû un jour se résoudre à déménager et s’est mise en quête d’un nouveau lieu d’accueil. Mais cette mésaventure s’est aussi révélée être une opportunité pour penser l’évolution de l’association : pourquoi ne pas voir un peu plus grand et penser une véritable fabrique, un collectif. Au bout de 2 ans de travail, la fédération Queskonfabrik était prête à se présenter aux élus locaux, mais n’a malheureusement pas rencontré un franc succès. Le nouveau lieu d’accueil du collectif a finalement été trouvé en 2021 grâce au soutien apporté par le maire de la commune d’Étauliers, qui était convaincu par le projet ; une opportunité créée par la rencontre de la bonne personne au bon moment.

Une fédération à vocation artistique et culturelle

Queskonfabrik est un lieu de vie dédié à la création, qui met en présence les associations qui le composent, et qui permet ainsi de créer les conditions d’une effervescence artistique : mettre en commun des compétences et des projets, les réaliser, les construire. Les habitants du territoire sont conviés à participer à cette effervescence au cours des nombreuses activités proposées par le collectif : expositions, concerts, concerts dessinés, contes, théâtre, soirées d’écoute musicale, rencontres d’auteurs, et bien plus encore. Transformer le public en acteur et faire en sorte qu’il se sente bien, qu’il soit heureux d’être là est ce qui anime le collectif. L’objectif étant de permettre au plus grand nombre de goûter à des œuvres de l’esprit, au-delà du public avertit, en ouvrant la porte aux personnes qui ne se sentent jamais invitées.

Pour aller chercher ce public non-averti, le collectif a mis en place un dispositif départemental de « résidences de territoires » sur trois ans, afin d’assurer une présence artistique. L’idée est de créer des temps collectifs, de construire ces moments ensemble à partir de la parole habitante. Dans ce même objectif, Queskonfabrik s’appuie également sur la phase de diagnostic de la Convention d’Aménagement de Bourg (CAB), commandée par la commune d’Étauliers, durant laquelle l’association « Nous Autres » a été chargée de créer une relation avec les habitants afin de les amener à participer au diagnostic. Cela a permis de plonger la fabrique culturelle dans une dynamique de partage et d’échange : inviter les gens à la fabrique culturelle, en débutant par un moment convivial, puis ouvrir la parole, échanger.

Une légitimité difficile à construire

L’une des difficultés rencontrées par les membres du collectif est la construction d’une légitimité sur le territoire, dont ils ne sont pas forcément natifs, auprès des personnes ancrées sur ce dernier depuis longtemps. Ils savent toutefois qu’ils doivent se montrer patients, et cette difficulté les motive : ils déploient beaucoup de bienveillance, invitent, participent à des événements, essayent d’aider… afin de démontrer que la fabrique culturelle est un lieu ressource et qu’ils sont des collaborateurs potentiels.

Comme un grand nombre de structures associatives essayant de déployer leurs activités sur un territoire, Queskonfabrik a également rencontré des difficultés au niveau de l’équipement et du fonctionnement. Ils sont en effet un lieu de résidence (accueil de compagnies, de groupes, etc.) et doivent faire l’acquisition de matériel technique (sonorisation, éclairage, etc.), ce qui nécessite des moyens, même si le collectif essaye au maximum d’utiliser des matériaux de récupération. De plus, ce dernier souhaite franchir le pas du professionnalisme, avec la création d’un ou deux postes permanents, ce qui demande d’aller chercher des fonds et une bonne gestion administrative.

Les temps forts de la Résidence avec le Collectif 3/3

Pour la fédération Queskonfabrik, le Collectif 3/3 a pu mesurer l’inertie du public mais a su mettre en place une certaine dynamique au cours de la résidence. Les habitants se sont en effet rendu compte qu’ils pouvaient faire des choses ensemble : un collectif citoyen s’est formé et essaye d’être actif. Queskonfabrik a aussi constaté qu’une véritable passerelle s’est établie avec la commune de Saint-Ciers-sur-Gironde, où avait lieu la résidence.

Plus tard dans l’année 2022, en septembre, l’association Nous Autres a également participé au programme du festival organisé tous les deux ans par le Collectif 3/3, les « Festiv’Idées ». Au cours de cet événement, elle a proposé un conte paysager sur le marais, écrit à partir de la parole des usagers du marais, ainsi qu’un travail avec les collégiens de Saint-Ciers-sur-Gironde. Elle les a interrogés sur la notion de jeunesse : « Qu’est-ce qu’être jeune à Saint-Ciers-sur-Gironde ? Est-ce qu’on peut être jeune et heureux sur la commune ? » ; et ces collégiens ont interrogé des anciens jeunes sur ce qu’a été leur jeunesse. L’idée de cette expérience intergénérationnelle était de réanimer la notion d’échange et de parole, de mettre en relation deux expériences et de les faire résonner.

Quelles perspectives pour Queskonfabrik ?

Suite à la résidence, le collectif citoyen de Saint-Ciers-sur-Gironde évoqué précédemment se met progressivement en place, et David de Souza essaye d’y participer selon ses disponibilités. D’autres passerelles sont aussi en train de se concrétiser et d’autres projets vont se mettre en place, tel qu’un collectif de personnes qui sont en train de créer un jardin-forêt.

Tout en restant humbles face aux inconnues de cette aventure, Queskonfabrik se donne un cycle de 10 ans pour faire participer les habitants, les sensibiliser… ouvrir des chemins et inventer des voyages pour se rejoindre les uns les autres.

Et si on devait décrire Queskonfabrik en 3 mots ?

« Lieu ouvert », « Créativité/Imaginaire », « Invitation/Échange »

Queskonfabrik c’est « créer des choses, des voyages, ouvrir des chemins, les partager… et se rendre la vie plus belle ».

Pour en savoir plus sur Queskonfabrik :

https://www.facebook.com/Queskonfabrik

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