L’éco-lieu Jeanot

L’éco-lieu Jeanot, au milieu des champs de maïs de la commune de Rion-des-Landes, commune d’un peu moins de 3000 habitants, abrite de nombreux projets depuis déjà 2011 !

A la mi-septembre, nous avons décidé de faire une virée dans les Landes pour rencontrer 2 initiatives pour notre projet de film.

Après une matinée passée chez Olga à Saubion (cf : article ICI), nous voilà à l’éco-lieu Jeanot, un ancien airial qui sert aujourd’hui à de nombreuses activités, mises en place par l’association « C koi ça » encourageant un modèle alternatif pour notre territoire !

C’est autour d’un déjeuner offert par les membres de l’association que nous avons échangé avec Marine, coordinatrice socio-culturelle du lieu, en charge des événements, des formations et de la communication de l’éco-lieu et Annick, bénévole, principalement investie sur la radio Hapchot du lieu.

Chacune nous raconte l’origine et le fonctionnement de cet éco-lieu, l’une en complétant l’autre par leur regard différent.
Marine est arrivée en janvier 2018 en tant que salariée sur le lieu et n’y étais jamais venue avant. Elle a son propre chez soi, comme les autres salariés, et ne vit pas sur l’éco-lieu.
Annick est bénévole depuis plusieurs années sur l’éco-lieu. Sur ses temps d’engagement, elle réside sur l’éco-lieu et rentre chez elle une fois par semaine.

Grâce à cet échange et une visite du lieu par la suite, nous en apprenons un peu plus sur l’éco-lieu Jeanot.

  • Son origine

Le projet est né d’une association créée par des lycéens originaires de Rion-des-Landes. En 2005, ces jeunes décident de créer l’association « C koi ça », en référence au nom d’une ville du Pérou, dans des objectifs de solidarité internationale.
Très vite, ils découvrent cet espace dans le village, qui sera le futur éco-lieu. Il appartient à Jeanot Diviths qui ne l’utilise que très peu.
Les jeunes lui proposent d’en faire des jardins partagés et pédagogiques, dans un objectif de sensibilisation à l’agriculture biologique et locale.

Ces lycéens sont ensuite partis faire leurs études mais l’association « C koi ça » avec ses jardins partagés a continué d’exister.

Jeanot Diviths décède peu de temps après et il décide de céder sa maison et son jardin à la mairie. Celle-ci propose à l’association de continuer à occuper cet espace. L’association propose alors un projet plus important que des jardins partagés et pédagogiques, qui puisse servir le territoire.

L’éco-lieu est né petit à petit, pour voir officiellement jour en 2011, toujours dans cette volonté de solidarité internationale.

« A petite échelle, on fait ce que l’on peut mais on espère que cela pourra avoir un impact au global. »

L’éco-lieu existe donc aujourd’hui depuis quasiment 8 ans et a continué de se développer.
Cela est en grande partie dû à l’investissement de ses bénévoles, salariés, woofeurs, services civiques et stagiaires, mais aussi grâce à un soutien financier important des institutions. La commune met à disposition le lieu et leur fournit une subvention chaque année. Il en est de même pour l’intercommunalité, le Département et la Région.

Les équipes ont tourné depuis la création. Les fondateurs sont partis et de nouvelles équipes ont pris le relai. Cela n’a pas fragilisé le fonctionnement et le dynamisme de l’éco-lieu.

  • Les différents projets de l’éco-lieu

Le projet est revu assez régulièrement en fonction des équipes et personnes investies sur le lieu mais aujourd’hui Jeanot met en place :
– de l’accueil de publics jeunes avec des ateliers de sensibilisation à l’écologie, la solidarité internationale, l’environnement et toute forme d’alternatives pour le devenir de nos territoires ;
– des formations, avec des intervenants extérieurs ou internes, autour de différentes thématiques, comme par exemple la permaculture ;
– des animations socio-culturelles, vitrine de l’éco-lieu pour le grand public, avec par exemple la fête des enfants – cette année qui portait sur les méthodes pédagogiques alternatives et a réuni près de 250 personnes -, la fête de l’été – qui a réuni 170 personnes cette année malgré la canicule et l’orage – ou la fête de l’automne. Ces journées sont à la fois l’occasion de faire découvrir le lieu avec des visites guidées, d’accueillir des ateliers, animations autour de thématiques mais aussi des spectacles, productions artistiques et de faire la fête autour d’un bon repas préparé avec des produits sur place et d’une buvette ;
– de l’accueil de résidences d’artistes locaux avec un loyer très peu cher. Ces artistes font chaque semaine des sorties de résidence pour montrer leur production. Elles peuvent avoir lieu sur l’éco-lieu mais l’objectif est aussi de les faire à l’extérieur, dans le village comme chez l’habitant ou avec des structures partenaires ;
– des ateliers extérieurs et des prestations de repas autour de l’alimentation durable et du gaspillage alimentaire ;
– des interventions extérieures dans les écoles des Landes mais aussi sur des stands dans différentes manifestations pour se faire connaître ;
– l’entretien et l’aménagement du jardin qui accueille des poules, canards et une ruche mais aussi un maraîcher, Aurélien, qui teste son activité de micro-maraîchage sous serres sur l’éco-lieu. Celles-ci lui sont mises à disposition et l’éco-lieu lui rachète une partie de sa production ;
– un marché, une fois par semaine qui fonctionne comme une AMAP ou un drive avec que des producteurs locaux. Chaque semaine, il est possible de commander sur internet les produits et l’équipe de l’éco-lieu se charge de préparer les commandes qui seront distribuées chaque mardi. On trouve sur ce marché les fruits et légumes produits sur place, du fromage de chèvre et de brebis, de la viande, des conserves, du miel, du lait et de la truite ;
– une webradio Hapchot qui diffuse de l’information locale et des reportages sur des alternatives ;
– une zone de gratuité ouverte tous les mois en même temps que les visites guidées de l’éco-lieu.

De nombreuses activités rythment ainsi la vie de l’éco-lieu Jeanot. Elles nécessitent une mobilisation d’un certain nombre d’acteurs sur place avec un fonctionnement et une gouvernance bien définie.

  • Gouvernance et fonctionnement

Lors de notre visite, l’éco-lieu Jeanot fonctionnait grâce à 3 salariés en CDI, bientôt 4, 2 en CDD, 2 personnes en service civique, 2 stagiaires long et des bénévoles.
L’équipe s’est très récemment renouvelée et la plupart des salariés actuels ne sont pas originaires des Landes, à part une personne. Ils amènent un regard neuf alors que l’équipe ancienne était, avant d’être salariée, bien investie déjà sur le lieu.

L’éco-lieu n’est pas un lieu de vie permanent. Un dortoir existe, pouvant accueillir une petite dizaine de personnes, pour les services civiques, les stagiaires, les woofeurs qui viennent régulièrement passer quelques jours pour filer un coup de main, et les bénévoles.
L’été, une zone de camping est aussi installée.

L’éco-lieu Jeanot fonctionne selon une gouvernance horizontale avec une commission par projet et des points hebdomadaires pour exposer l’évolution de chaque projet. Des réunions de co-pilotage ont lieu aussi toutes les 2 semaines avec toutes les commissions et tous les 6 mois, deux journées sont consacrées à la réflexion sur tous les sujets.

Le lieu est coordonné par plusieurs personnes, actuellement 3 personnes et bientôt 4 personnes. Ces coordinateurs sont les salariés en CDI de l’éco-lieu. Il n’y a pas de hiérarchie entre eux, c’est une coordination partagée. L’éco-lieu avait été accompagné pendant 2 ans par une chercheuse pour passer d’une coordination à une seule personne à une coordination partagée.
Avec les coordinateurs, il y a les animateurs et l’ensemble des autres personnes souhaitant s’investir dans la gouvernance de l’association.
Tous, coordinateurs, animateurs, services civiques, stagiaires, woofeurs et bénévoles ont la même voix dans les prises de décision.

Un collège de co-responsables, l’équivalent du bureau d’une association, est aussi constitué. Il varie entre 5 à 10 personnes et peut intervenir, notamment, sur les questions des ressources humaines si cela ne peut pas être fait par les coordinateurs.

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  • Des challenges pour l’éco-lieu Jeanot

Comme toute initiative et association, l’éco-lieu doit faire face à plusieurs défis aujourd’hui.

Le plus important est sûrement celui de reconquérir le public local et du village.
Cela se voit bien sur les moments de fête. Jeanot a un public acquis depuis longtemps, convaincu des messages portés autour d’initiatives alternatives, mais venant de loin parfois. Ils ont du mal cependant à toucher du grand public et surtout des personnes du village.
Par exemple, dans les écoles auprès desquelles intervient Jeanot, il n’y a pas celle de Rion-des-Landes.
La nouvelle équipe souhaite vraiment changer cela. Marine a par exemple fait en sorte de créer un partenariat avec l’accueil de loisirs du village pour des ateliers. Elle est en cours de discussion aussi pour faire venir des résidents de l’EHPAD sur l’éco-lieu afin de leur montrer comment celui-ci a évolué.
La fête des enfants au printemps dernier a déjà permis de faire venir des personnes qui n’étaient jamais venues et notamment des habitants du coin.

Quand l’association s’est créé, la population locale connaissait les jeunes investis dedans. Ils étaient du village. Quand l’équipe a changé, il y a eu comme une cassure. Une distance s’est installée. Des rumeurs et préjugés ont circulé dans le village autour de l’éco-lieu Jeanot et cela a nui à leur réputation locale.
Pourtant la mairie les a toujours soutenus, au moins par la mise à disposition du terrain et par une subvention. Cette année, l’équipe en place va essayer de faire moins d’activités et de s’accorder avec la mairie sur des événements qui pourraient répondre à des besoins locaux.

L’objectif : reconquérir le public local et toucher plus de grand public !

Par ailleurs, comme toute association, l’éco-lieu Jeanot doit faire face à des baisses de subventions publiques et à la fin des contrats aidés qui a engendré une réduction de moitié de l’équipe salariale mais avec toujours la même cadence de projets.

Malgré ces quelques difficultés et challenges à relever, ce qui reste marquant sur ce lieu, c’est sa pérennité au fil des années malgré des équipes qui changent. Une initiative qui a su maintenir tous ses beaux projets au-delà de l’engagement d’un ou plusieurs, mais un lieu qui vit de lui-même avec l’aide de nombreuses personnes.

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